Masdar, aberration écologique ou révolution énergetique?
Masdar est une ville des Emirats Arabes Unis, située plus précisément dans l’Emirat d’Abou Dabi. Cet ambitieux projet a un objectif simple : construire une ville n’émettant aucune émission de C02 et aucun déchet. En construction depuis 2009, cette ville devrait être complètement achevée entre 2020 et 2025 (initialement prévu pour 2016). Pour l’instant, elle n’héberge que la cité universitaire de l’Institut Masdar.
Masdar : la vitrine des énergies propres
Cette future ville (lien EN) abritera à terme 50 000 personnes. Ces derniers devront s’adapter à ce mode de vie imposé par le cahier des charges des créateurs de la ville. Il s’agit du prestigieux cabinet Londonien de Design « Fosters » lien EN). Dans un premier temps, c’est une ville idéalement conçue pour être propre et 100% énergies renouvelables qui a été pensée pour un budget avoisinant les 22 milliards d’euros. Tout à été pensé pour que ce projet se positionne en exemple à suivre dans les années à venir. Le nom de la ville d’abord, Masdar signifie « source » en arabe. La ville va se positionner comme une vitrine des énergies propres car un véritable pôle d’excellence ambitionne de regrouper tous les experts mondiaux en énergies renouvelables.
Les deux principales sources d’énergies de la ville seront donc l’énergie solaire et l’éolienne. « Fosters » s’est appuyé sur des projets européens. Dans les deux cas, Masdar a mis en place des joint-ventures avec les villes accueillant les panneaux solaires (Espagne) ou les éoliennes ( Londres, Angleterre). Il s’agit de s’appuyer sur l’expérience faite dans ses villes mais également de bénéficier de l’energie produite au sein de ses dernières.
Masdar : Zéro voitures au pays de l’or noir
En parlant de ce projet, on ne peut s’empêcher de penser aux critiques légitimes qui fusent à son sujet… Comment le premier pays producteur de pétrole peut-il ne parler que d’énergies renouvelables ? Certains n’y voit qu’un moyen supplémentaire de la part des orientaux de se forger une nouvelle image auprés des observateurs occidentaux. A l’évocation de cette ville et de son concept, il est évident que les observateurs ont pointé du doigt le paradoxe entre la production de pétrole des Emirats Arabes Unis et la production d’énergie verte voulue dans la ville de Masdar. Quand nous parlons d’énergie verte, il s’agit d’éviter le recours aux énergies fossiles et de proposer des alternatives pratiques aux habitants de la ville.
Ainsi, aucune voiture ne pourra circuler dans la ville. Tout visiteur extérieur devra laisser sa voiture garée à l’entrée de la ville. Le « Personal Rapid Transit » répondra aux besoins de déplacements des habitants. Ce moyen de transport est un hybride entre un métro et un tramway. Les petits véhicules indépendants posés sur des rails fonctionnent électriquement avec des batteries alimentées par du lithium. Le système détecte les obstacles pour éviter tout type de collision. La capacité de transport est limité à 13 véhicules lors de la première phase de déploiement du projet et ne desservira que le campus du « Masdar Institute Of Science and Technology ».
On l’aura compris l’Université est le laboratoire du projet global. Tout y est testé pour être ensuite mis en place dans l’éco-ville. En ce qui concerne les transports, l’objectif reste tout de même de pousser les habitants à se déplacer à pied. Les rues ont ainsi été conçues pour avoir une condition d’ensoleillement optimale (il s’agit de profiter du soleil sans pour autant que ce denier soit assommant). Les distances entre les différents lieux de vies sont raisonnables et permettent d’avoir accés à toutes les commodités de la vie quotidienne facilement.
Masdar: Une ville verte pilote ?
Comme tout projet, la ville de Masdar suscite des critiques. Avec un telle ambition, il est évident que les éloges et les critiques ont fusé au moment de la mise en place du projet mais également lors de sa construction et de son inauguration. La critique est aisée, mais peut-on démonter un projet sur lequel nous n’avons réellement pas de récul ? En effet, nous serons en mesure de dire ce projet est un succés ou non après l’avoir testé modifié, analysé… Or, le temps et le recul ne sont pas des données dont Masdar dispose à l’heure actuelle. Un projet d’une telle envergure nécessite du temps aussi bien au niveau de sa mise en place que de son analyse. L’avenir nous dira donc si le concept de Masdar est duplicable ou pas.
Ce qui est sûr, c’est qu’à l’heure où les énergies fossiles s’épuisent, trouver une alternative allant vers les énergies renouvelables est indispensable. D’autant plus que le véritable défi à relever sera de « transformer » les villes déjà existantes et consommatrices d’énergies fossiles en villes « écologiques ». On peut citer l’exemple du Danemark et de la communauté de communes de « Thisted » (lien EN) qui produit 100 % de l’énergie qu’elle utilise et 85% de l’énergie necessaire au chauffage. Cela fait 30 ans que ce regroupement de ville s’est fixé cet objectif. Rappelons l’idée de construire Masdar a germé en 2003… L’autosuffisance énergétique de ces villes danoises est possible grâce à l’incinération des déchets ainsi qu’a l’installation d’éoliennes.