Awen Delaval : un génial créateur de tissu en lotus
Awen Delaval est un pionnier du nouveau monde. Avec sa découverte dans le nord du Cambodge, lors de la cueillette des fleurs de lotus, il comprend que la tige de la plante recèle un secret. Elle permet de créer une fibre exceptionnelle aux propriétés 100 % imperméables et anti-attachantes.
Création d’une coopérative de commerce équitable
Tout a commencé lorsque Awen Delaval a eu l’idée de créer une coopérative de commerce équitable au Cambodge où la population vit avec un euro par jour. Il a découvert ce pays en 2001 lors d’un voyage d’agrément. Touché par la misère qu’il y découvre, il a l’idée d’y développer les prémices d’une économie respectueuse de l’homme et de son environnement. Adhèrent de l’association « Rencontres Scolaires Nord Sud » à Paris, il monte un groupe de travail qui s’oriente vers le commerce équitable au Cambodge. Puis, il s’y rend en 2002 avec 3 bénévoles pour compléter l’étude du projet sur le terrain pendant un an.
Toute l’année 2003 est consacrée à des échanges et des discussions avec les différents acteurs de projets d’insertion pour créer une structure pérenne inscrite dans la démarche du commerce équitable. L’étude prouve qu’un potentiel économique et social du travail de la soie y est très important car celle-ci est très appréciée par les touristes toujours plus nombreux depuis que le pays est politiquement stable. En se fixant des objectifs sociaux, économiques et environnementaux, il constitue un moyen de créer une dynamique permettant au Cambodgiens de retrouver la dignité.
Enfin, en février 2004, la coopérative Samatoa (équitable en Khmer) est créée.
Découverte d’une fibre magique issue de la branche de lotus
Pour le peuple cambodgien qui cueille la fleur de lotus depuis toujours pour d’autres raisons, cette découverte a été une excellente opportunité de développement économique et social supplémentaire dans un pays où la population est très pauvre. En effet, les cueilleurs coupaient la fleur de lotus et rejetaient la tige alors inutile. Awen Delaval a alors détecté que ces tiges contenaient des fibres et il a l’idée de les récupérer pour les tisser. Mais tisser le lotus n’est pas une mince affaire. Il faut extraire à la main les fibres de la tige de la plante. Cela demande un coup de main très précis que possèdent les tisserandes cambodgiennes. Ainsi, après de nombreuses tentatives, le résultat a été atteint avec une fibre aboutie aux vertus presque magiques qui allient des qualités d’imperméabilité prodigieuses et un effet anti-attachant très pratique.
Cela ressemble à du lin mélangé avec de la soie. La texture du tissu est très fine et agréable au toucher. Il ne se froisse pas et laisse mieux passer l’air que le coton ou la soie.
Samoa, une entreprise solidaire
Aujourd’hui, Samatoa emploie 70 personnes qui s’activent au filage, au tissage et à la couture, sans compter les saisonniers qui récoltent le lotus dans les plantations sur le lac de Kamping Poy, situé à 45km de Battambang. De plus, deux boutiques ont été ouvertes à Battambang et l’autre à Siam Reap. Le tissu de lotus est fabriqué à la main. Il faut 9 000 tiges de lotus pour un mètre de tissu. Ce qui explique son prix vingt fois plus élevé que celui de la soie. Il faut savoir qu’une veste en tissu de lotus donne du travail à quatre personnes durant un mois. Un produit qui n’est certes pas à portée de toutes les bourses, mais exclusif et issu du savoir-faire ancestral cambodgien.
En parallèle à la soie, Samatoa s’est diversifié avec le lotus ainsi qu’avec d’autres plantes telles que le bananier, le cocotier ou encore le kapok. Les recherches sont axées sur une trentaine de plantes. C’est un marché de niche de haut de gamme. On entre dans le sur-mesure.
Un avenir en marche
Ce nouveau marché recèle un potentiel immense et intéresse tout particulièrement plusieurs designers à travers le monde prêts à travailler avec cette nouvelle fibre. Pour Awen Delaval, c’est un pari audacieux car ce tissu a des qualités uniques et grâce à lui on pourra élaborer toute une gamme de produits et permettre de poursuivre le développement d’ateliers pour aider de nombreuses femmes à travailler et être indépendantes dans un pays où la misère est encore très présente.
Cette initiative est bien une preuve de plus que rendre l’économie plus sociale, plus solidaire et plus soucieuse de l’environnement, c’est vraiment possible !